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OU L'ORIGINE D'INDIAN SMILES

Elle est l'enfant aux yeux sombres et bouleversants, celle par qui l'histoire a commencé, celle dont le regard troublant croisé en 2002 a décidé du chemin à emprunter. Une traverse initiatique semée d'embûches débutant par le parcours solitaire mais tenace de Michèle Fériaud jusqu'à la connection avec Ra Foundation. Rekha devient le premier enfant parrainé par Ra Foundation. L'aventure Indian Smiles se concrétise alors en une association structurée mais surtout se transforme en une évidence, celle d'aider d'autres qui comme Rekha sont nées du mauvais côté de la barrière.

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Le récit suivant des premières années de cette enfant, jalonnées des rencontres entre Michèle et Rekha, n'est pas anecdotique. Il est le témoignage vivant qu'une simple rencontre peut faire basculer plusieurs vies vers l'espoir, faire évoluer des mentalités et déplacer des montagnes auréolées de sourires d'enfants.

 

Aujourd'hui Rekha est grande et prend confiance en elle, bientôt elle sera indépendante. Prendre le temps de lire le début de son histoire, c'est aussi prendre le temps de réfléchir sur nous même, notre capacité d'engagement, qu'elle soit limitée ou démesurée, et ne pas passer son chemin, ne pas accepter...

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Extraits du journal de Michèle Fériaud entre 2003 et 2008

 

2003 : Rencontre avec Sunil N.

C'est une amie à New York, ayant fait ses études en Inde avec Sunil Nayak, qui a pensé que cet homme serait sensible à mon histoire et pourrait m'aider sur place. Grâce à elle, j'ai pu le rencontrer en juillet 2003, alors en voyage professionnel à Paris. Nous ne nous connaissions pas et nous étions donné rendez vous au pied de Notre-Dame. De retour en Inde, Sunil a immédiatement mis en place un réseau de bénévoles qui dans un premier temps se déplaçaient là où se trouvaient Rekha et ses parents et leur apportaient un repas par jour, un soutien médical et un hébergement à la crèche pour Rekha. Cela n'a pas fonctionné bien longtemps. Rekha pleurait beaucoup car elle ne voulait pas quitter ses parents. De plus, aussi peu élevées soient les ressources des mendiants, ils gagnent bien plus lorsqu'ils ont une jolie et attendrissante petite fille avec eux.

En décembre 2003, je suis retournée en Inde, Rekha et Savita, sa maman, étaient sous la protection de l'équipe de Sunil mais Savita était encore réticente à l'idée de quitter la rue. Je demeurais, pour elles, une femme de langue étrangère et il me faudrait encore plusieurs mois pour gagner leur confiance et pour qu'elles comprennent mes intentions bienveillantes.

 

2004 : Maladie de Rekha, de la rue au slum...

Entretemps, nous découvrons que Santosh, le papa de Rekha souffre de tuberculose et d'éthylisme. Il est hospitalisé mais s'enfuit de l'hôpital car la nourriture n'est pas à son goût! Malheureusement, il décède de sa maladie. Malgré ma tristesse partagée pour la famille, je dois admettre que cette disparition a permis de prendre des décisions décisives pour la survie de Rekha, un tournant en faveur d'une vie meilleure. Les hommes pauvres vivant dans les rues ne prêtent que peu d'attention à l'éducation d'une fille. Entre une fille et un fils, ils privilégient au mieux l'éducation du garçon. L'histoire ne dit pas quel chemin aurait pris leur vie à tous si Santosh avait survécu à sa maladie, mais la mendicité rapportant plus que le temps passé sur les bancs de l'école, Rekha n'aurait probablement pas eu accès à l'éducation.

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Décembre 2004, nouvelle visite en Inde. Rekha est très malade, elle a la malaria et la tuberculose! Grâce à Sunil, elle peut être hospitalisée et soignée. Je vais lui rendre visite à l’hôpital de Mumbai. C’est la première fois que je me rends dans un hôpital en Inde, c’est immense, silencieux et intimidant avec des lits partout dans de grandes salles. Rekha est dans la partie réservée aux enfants, dans un petit lit à barreaux, Savita est avec elle dans le petit lit, comme beaucoup d’autres mamans dans la même salle.

Les bénévoles qui travaillent en relation avec Sunil ont un espace dédié à eux dans l’hôpital et me rassurent sur l’état de santé de Rekha. Elle a été hospitalisée à temps et sera sauvée. Mais elle doit continuer, à sa sortie de l’hôpital, à suivre son traitement et à se nourrir «correctement » et donc à être suivie.

Nous décidons alors avec Sunil de trouver à Rekha et à Savita un hébergement au sein d’un « slumdog » (bidonville) où les conditions sont moins précaires que dans la rue. Les slums sont des quartiers pauvres construits de taudis, mais ils sont pourvus de l’eau, on y trouve un encadrement, des assistantes sociales ou médicales et une certaine protection. Contrairement à ce que nous pouvons penser, les indiens payent un loyer pour vivre dans ces slums, c’est une réelle exploitation humaine comme dans les favelas au Brésil par exemple. Le film à succès "Slumdog Millionaire", bien que romancé donne un aperçu assez édifiant de ces quartiers.

Cette solution n'est pas idéale, mais encore une fois les conditions de vie y sont meilleures que dans les rues, particulièrement pour une femme seule avec sa petite fille. Car, en Inde, une veuve (qui plus est non-voyante) n’est pas grand chose, quelque soit d’ailleurs sa condition sociale…

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2005 : Visite du couvent Fatima Ashray

Décembre 2005, nouvelle visite à Rekha à Mumbai. Rekha est placée dans un couvent : Fatima Ashray. Elle est éduquée par les religieuses anglaises et elle est très fière de me montrer ses carnets de notes. Il y a quatre autres petites filles orphelines ou maltraitées par leur famille qui l'ont rejoint.

Je fais de nombreuses photos des petites filles qui sont folles de joie en regardant les images sur l’écran de l’appareil numérique. L’ambiance à l’intérieur de Fatima Ashray est gaie et je suis heureuse de voir Rekha en bonne santé et entourée d’autres petites filles. Savita reste en contact avec sa fille et lui rend visite à peu près tous les mois. Elle a été placée dans une institution à Lonavala où elle apprend l'artisanat de canne.

 

2007 : Création de l’association Indian Smiles

Janvier 2007, Rekha est toujours au couvent, elle parle parfaitement bien anglais et semble heureuse. Elle n’est plus inquiète lorsqu’elle me voit comme elle l’était les premières années, sa maman craignait certainement que je l’emmène en France et la coupe de son pays. Je n’ai jamais eu cette intention, Savita l’a compris, Rekha également. J’ai fait réaliser par mes filles un t-shirt pour Rekha avec l’image d’une photo de toutes les petites filles de Fatima Ashray, photo prise en décembre 2005. Elles étaient toutes très heureuses de voir ce t-shirt. Je suis accompagnée de ma fille ainée qui est, tout comme moi, très émue de voir le sourire de ces enfants qui ont eu un début de vie si misérable.
À mon retour, je décide de créer l’association Indian Smiles afin de structurer mon aide depuis la France et permettre à d’autres petites filles indiennes de recevoir une éducation scolaire et d'améliorer leurs conditions de vie.

 

2008 : Visite à Rekha, le jour de ses 7 ans

Novembre 2008, visite à Rekha, qui est toujours à Fatima Ashray, le jour même de son 7ème anniversaire, le 1er novembre. Elle  est en bonne santé, gaie et très sociable. Comme à chacune de mes visites, je suis touchée par cette enfant aux yeux noirs. La voir grandir est un privilège. Je repars de ce voyage, une fois de plus, riche d'une expérience exceptionnelle que je souhaite à tous de partager. D’ici 2 ans, Rekha devra quitter ce couvent pour intégrer une pension.

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Depuis 2009 : Rekha suit son parcours de jeune fille studieuse et son apprentissage. Savita s'est remariée avec un homme lui aussi non-voyant. Elle gagne maintenant sa vie en vendant, avec son mari, des articles ménagers à la gare. Après le foyer pour enfants tenu par des nonnes, Rekha est allée dans une pension religieuse puis en 2011, elle a rejoint le programme Happy Kids de Ra Foundation. Elle a suivi ses études au lycée Sweet Memories à Panchgani où elle y a achevé ses études secondaires.

Elle poursuit depuis des études supérieures d'arts au NKTT College de Thane avec un interêt particulier pour la peinture, le dessin et la joaillerie. 

2020 : Depuis le confinement obligatoire de 2019, Rekha a eu visiblement du mal à s'adapter aux méthodes d'enseignement à distance. Il semble qu'elle se soit habituée depuis et qu'elle gagne en confiance, maintenant que les outils en ligne lui sont familiers. Ses résultats sont bons même si pour la première fois depuis le début de sa scolarisation, son rapport scolaire annuelle ne mentionne que peu de détails sur les sujets enseignés et ses acquis scolaires. Rekha a un joli coup de crayon, au sein de ses activités périscolaires elle est devenue passionnée de mandalas, ce qui l'aide beaucoup à surmonter les stress ambiant que cause la pandémie. Le lien suivant,"les dernières nouvelles de Rekha", vous donnera un aperçu de ses talents. Vous constaterez sur les deux derniers rapports scolaires que Rekha a changé officiellement de nom de famille. Jusqu'en 2020, elle portait le nom de son père "Manjukar". Elle se nomme désormais Rekha Pawar, nom du nouveau mari de sa mère.

2021 : Rekha a participé a un festival de charité bien connu des indiens, voici le lien pour en savoir plus et voir son travail:

Daan Utsav Seva Mela 2021

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